Cinq ans après sa création (1907), le Stade Toulousain obtenait son premier titre de champion de France (1912). En1913, les Rouge et Noir s'inclinaient face à Bordeaux en match éliminatoire, lors d'une rencontre marquée par l'extrême agressivité des Bordelais. D'ailleurs, le capitaine stadiste Mouniq et ses hommes quittèrent le terrain pour protester contre la passivité de l'arbitre et les brutalités bordelaises. La saison suivante, les stadistes se faisaient battre par Perpignan, futur champion de France, alors que s'amoncelaient les sombres nuages du premier conflit mondial.
Pendant la guerre, le rugby n'occupe plus le devant de la scène. A partir de 1916 et jusqu'en 1919, le championnat de France est remplacé par la Coupe de l'Espérance que le Stade Toulousain s'empresse de remporter en 1916, battant en finale le Stade français (8-0). En 1917, le Stade Toulousain accède une nouvelle fois en finale de la Coupe, mais ne réalisera pas le doublé, battu par le Stade nantais (8-3).
Il y avait aussi à cette époque quelques compétitions officielles entre jeunes joueurs.
C'est ainsi qu'en 1917, les juniors du Stade battirent, en finale de la Coupe de l'Avenir des jeunes, Bourg-en-Bresse. Dans les rangs toulousains, on trouvait nombre de joueurs qui n'allaient pas tarder à s'illustrer en équipe première tels Chilo, Maury, Serres. Des joueurs qui allaient devenir champions de France quelques années plus tard.
Quand vint l'armistice, que les armes se turent et qu'on fit l'appel des morts, on constata que le monde du rugby avait été cruellement touché.
Dès la bataille de la Marne, Alfred Mayssonnié, international stadiste, adjudant au 259E régiment d'infanterie, tomba devant Souilly. C'est son coéquipier et ami Pierre Mouniq, médecin auxiliaire qui ensevelit le corps de celui qui est devenu une figure mythique du Stade.
De sa naissance en 1907 jusqu'en 1927, le Stade Toulousain va marquer le rugby français comme peu d'équipes l'ont fait. A noter pour l'anecdote que l'on ne trouve trace ni à la Préfecture ni sur le journal officiel de la naissance du club. Les statuts ne furent adressés à la Préfecture que par lettre datée du 10 mai 1912, et les services administratifs n'enregistrèrent cette déclaration qu'en 1913. c'est ainsi que le Stade Toulousain allait s' affirmer dans le rugby français sans avoir d'existence légale.
Dès 1908, le Stade Toulousain accroche à son tableau de chasse la formation du Comité de Leicester (23-12) et la sélection de Paris (21-18). Pendant deux saisons consécutives (1909-1910 et 1910-1911), Toulouse est éliminé par le Stadoceste Tarbais en finale du championnat des Pyrénées, dans une compétition très âpre. La finale pyrénéenne dit 16 janvier 1910 est un grand événement régional qui bénéficie de la réalisation du premier reportage filmé.
En tant que président du Comité des Pyrénées, Paul Voivenel doit, en 1912, interdire le terrain de Tarbes pour calmer les passions des supporters, ce qui motive la venue à Toulouse, pour protester, du Conseil municipal de Tarbes, maire en tête.
Finalement, après match aller-retour, le Stade Toulousain se qualifie pour le championnat de France. En demi-finale, les Toulousains battent le Stade Bordelais et affrontent en finale le Racing Club de France, le 31 mars 1912.
La victoire est obtenue à l'arraché (8-6), devant 15.000 personnes présentes aux Ponts jumeaux. Victoire obtenue grâce à deux essais d'Alfred Mayssounié et Pierre Jauréguy, et un match rayonnant de Philippe Struxiano. Les équipes réserves (2 et 3) remportent également le championnat de France dans leurs catégories.
Les festivités pour honorer les joueurs se multiplient, avec en particulier la réception des joueurs par la municipalité, sans oublier la sacralisation de l'équipe avec la naissance, à partir du mois de janvier, du thème de la Vierge Rouge, symbole de l'équipe toulousaine invaincue. Évoquée constamment depuis, cette saison triomphale a joué pour beaucoup dans la fascination exercée par le Stade Toulousain auprès de tous les autres sportifs.
1 Finale gagnée:
Le 31 mars 1912
Au Toulouse (Ernest Wallon)
Stade Toulousain bat Racing Club de France 8 à 6
Pour le Stade Toulousain: 2 essais de Mayssonié et Jauréguy; 1 transformation de Dutour
Stade Toulousain: Dutour; P. Jauréguy, Moura, Moulines, Bérard, Latreille de Fozières; (o) Mayssonié, (m) Struxiano; Capmau, Falq, Servat; Mouniq (cap), Mariette; Bergé, Pascarel, Tavernier.
1 Finale perdue:
Le 4 avril 1909
Au Toulouse (Ernest Wallon)
Stade Bordelais Université Club bat Stade Toulousain 17 à 0
Stade Toulousain: Severat; Bouey, Laguionie, Fabregat (cap), Pujol; (o) Moulines, (m) Dutour; Perrens, Ramondou, Serisé; Léry, Avéjan; Tallavignes, Fouchou, Mouniq.
3 Finales gagnées:
En 1909
A Bordeaux
Stade Toulousain bat SBUC 17 à 9
Stade Toulousain: Duthu; C. Delmas, Poitevin, Brutus, R. Delmas; (o) M. Delmas, (m) Mayssonié; Maillet, Verdier, Castay; Linard, Xavier; Bugeaud, Bazy, Laporte.
En 1911
Stade Toulousain bat Rochefort 31 à 0
Stade Toulousain: Duthu; Amilhat, Depanède, Pujol, P. Jauréguy; (o) Picard, (m) Dutour; Capmau, Rey, Verdier; Mariette, Laporte; Bergé, Darrasse, Rous.
En 1912
A Bordeaux
Stade Toulousain bat SBUC 3 à 0
Stade Toulousain: Barrère; Maurel, Lescouzère, Duthu, Fauré; (o) Laura, (m) Daubèze; Verdier, Ramondou, Schall; Léry, Talenton; Vieusse, Nuville, Laporte.
6 Finales gagnées:
En 1908
A Bordeaux
Stade Toulousain bat SBUC 16 à 3
Stade Toulousain: Dugès; Granval, Poitevin, Chazeau, Laguionie; (o) Delmas, (m) Chauvezin; Sorano, Tallavignes, Dumas; Xavier, Maillet; Hébert, Danis, Bénéchie.
En 1909
A Toulouse (Ernest Wallon)
Stade Toulousain bat SBUC 19 à 7
Stade Toulousain: Fabre; Chazeau, Troy, Balansa, Courtaud; (o) Picart, (m) Cathala; Capmau, Sorano (cap), Rey; Saux, Schall; Hébert, Barboue, Bénéchie.
En 1911
Stade Toulousain bat SBUC 6 à 0
Stade Toulousain: Dugès; Massié, Bouteillé, Granval, De Fozières; (o) Delmas, (m) C. Bioussa; Falcq, Tavernier, Léry; Mialhe, Servat; Marquès, Nasille, Fayet.
En 1912
A Toulouse (Ernest Wallon)
Stade Toulousain bat SBUC 6 à 0
Stade Toulousain: Balansa; Grandval, Fabre, Séverat, Bouteillé; (o) M. Delmas, (m) Vernas; Viraut, De Lacvinier, Bontemps; Beauché, Fouriscot; Marquès, Haon, Fayet.
En 1913
Stade Toulousain bat SCUF 10 à 3
Stade Toulousain: Bouteillé; Fleury, Séverat, Barras, Dubedat; (o) Gausserand, (m) Mayssonié; Cachat, De Lacvinier, Beauché; Filhol, Fouriscot; Montagnon, Haon, Morère.
En 1914
Stade Toulousain bat SBUC 9 à 0
Stade Toulousain: Dugès; Fos, Fleury, Combagne, Boué; (o) P. Bayard, (m) Barras; Raynal, Séverat (cap), Decap; Farencq, Laporte; Charles, Mauriès, Sevin.
4 Finales gagnées:
En 1908
Stade Toulousain bat Périgueux 11 à 5
Stade Toulousain: Roujas; Pelecker, Séverat Cahous, Malespierre; (o) Desjean, (m) Mayssonié; Babiel, Soubiran, Delattre; Sohal, Voisin; Haon, Routy, Ceshon.
En 1910
Stade Toulousain bat Stade français par forfait
Stade Toulousain: Pujolle; Cachat, De Montgaillard, Delattre, Roumengou; (o) Latapie, (m) Struxiano; Eychenne, Soubiron (cap), Dabiel; Cassagnère, Trémoulet; Dirat, Cesbron, Dutray.
En 1911
Stade Toulousain bat Cognac 24 à 3
Stade Toulousain: Séverat; Malespierre, Eychenne, Bergès, De Montgaillard; (o) Poumarède, (m) Mayssonié; Delattre, Soubiron (cap), Babiel; Schall, Voisin; Legal, Haon, Massé.
En 1914
Stade Toulousain bat Stade français 14 à 5
Stade Toulousain: Bonhomme; Vivant, Jaume, Tabarly; (o) Lacq, (m) Trouette; Dufraisse, Soubiron (cap), Lacroix; Grabit, Semon; J. Bayard, Larrieu, Perrier.
![]() | Debouts: Fauchou, O. Léry, Avéjean, Laporte, Huggins, Perrens, Cuillé. Assis: Serisey, Pujol, Ramondou, Fabregeat, Mayssonnié, Robert, Bouey. Assis au sol: Moulines, Séverat |
![]() |
![]() | Debouts: Servat, Falq, Tavernier, Mariette, Capmau, Pascarel, Bergé. Assis: P. Jauréguy, Moura, Mouniq, Moulines, De Fozières. Assis au sol: C. Bioussa, Dutour, Mayssonnié. |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() ![]() |
1912: Quelques semaines avant la finale face au Racing club de France, diverses caricatures représentant Paul Mouniq paraissent dans les revues spécialisées. |
En haut: Finale du championnat de France 1909. Le SBUC bat le Stade Toulousain 17 à 0 |
![]() ![]() |
A gauche: Contre Bayonne en championnat, le Toulousain De Fozières marque un essai
A droite: 1912, face à Tarbes en championnat
![]() |
L'équipe 2 du Stade Toulousain, qui sera sacrée championne de France à trois reprises durant la décennie |
1908, 1909, 1911, 1912, 1913 et 1914: les six glorieuses de l'équipe 3, championne de France à autant de reprises.
L'équipe 4 du Stade Toulousain devient championne de France en 1908, 1910, 1911 et 1914.
![]() |
Une carte de dirigeant de la saison 1913-1914 |