Les premiers temps de jeu donnaient déjà un aperçu de la dimension physique de l'équipe de Bath : puissante, perforante, l'équipe anglaise s'installait dans les quarante mètres toulousains et monopolisait le ballon. Sanctionnés à deux reprises en mêlée (coup franc puis pénalité), les Stadistes éprouvaient des difficultés et perdaient trop rapidement le ballon quand ils parvenaient à mettre la main dessus. A la 11ème minute, Butch James ouvrait le score depuis la ligne des quarante mètres, et on pouvait dire que cela récompensait une entame plutôt en faveur de sa formation.
Mené au score, Toulouse réagissait et attaquait pour la première fois les trente mètres adverses, sur une offensive où Bath, à son tour, se mettait à la faute. Skrela, pourtant en position favorable, trouvait le poteau, avant de connaître plus de réussite une minute plus tard. Le Stade égalisait.
Le combat faisait rage par la suite, mais Bath dominait toujours. Sur chacune de ses offensives, ce dernier se montrait menaçant et il fallait un petit miracle pour que l'on n'assiste pas au premier essai de la partie à la 20ème minute de jeu, après un dégagement contré de Skrela dans ses 22 et que Benahan ne négociait pas de la meilleure des façons.
En danger, les hommes de Novès parvenaient à refaire surface. Sur une touche à cinq mètres, l'alignement toulousain subtilisait le cuir, mais Heymans était bien repris par la suite, alors qu'il tentait de passer en force. Mais le danger, côté anglais, était partout : peu de temps après, Abendanon transperçait l'arrière-garde stadiste et n'était repris qu'à une dizaine de mètres de la ligne.
Globalement, les Toulousains finissaient mieux ce premier acte qu'ils ne l'avaient commencé: c'était eux qui occupaient les trente mètres anglais et leur mêlée, en difficulté au départ, semblait prendre le dessus. Sur une percée de Médard, après une combinaison avec Heymans, Bath se mettait à la faute et Skrela doublait la mise, permettant aux siens de prendre l'avantage, pour la première fois. Cet avantage faillit bien ne durer que quelques secondes puisque sur le coup d'envoi, l'équipe se rendait coupable d'un talonnage à la main, mais James manquait la cible.
C'est donc avec un avantage de trois points que le capitaine Bouilhou et ses coéquipiers regagnaient les vestiaires. Une avance de bonne augure, mais il était évident que la partie serait difficile.
Le match reprenait sur une énorme séquence toulousaine : les trois-quarts balayaient le terrain, mais les charges de Médard, Heymans, Pelous ou Albacete étaient toutes stoppées à quelques centimètres de l'en-but. Cette action, sans aucun doute la plus dangereuse depuis le coup d'envoi, n'était cependant pas vaine puisqu'un joueur anglais était à la faute sur un regroupement. Skrela ne tremblait pas et réussissait un nouveau coup de pied.
Mais Bath, c'était écrit, n'allait pas capituler. Une touche à cinq mètres en faveur des Toulousains était perdue et il s'en fallait d'un rien, en l'occurrence une intervention de Jauzion, pour que cela n'aboutisse à un essai. Ce n'était hélas que partie remise : sur une mêlée à cinq mètres, Kelleher était contré et Claassens aplatissait. Bath revenait à un point.
Ce coup du sort ne décourageait pourtant pas les Rouge et Noir, bien plus entreprenants que lors de la première mi-temps. Skrela manquait un drop, Médard mettait le feu dans la défense anglaise, Donguy était repris à une quinzaine de mètres et laissait échapper le ballon : le score ne bougeait pas, mais les locaux emballaient la partie.
A l'heure de jeu, Skrela passait une pénalité de quasiment cinquante mètres. La réussite du demi d'ouverture, dans une rencontre aussi incertaine, était évidemment primordiale, mais James, trois minutes plus tard, passait à son tour un coup de pied (12-11, 63ème). Bien malin qui pouvait dire à ce moment-là quelle équipe ressortirait victorieuse.
La fin de match promettait d'être irrespirable. Les deux équipes se rendaient coup pour coup et Skrela, après un échec, redonnait quatre points d'avance au Stade (70ème). La possession était globalement pour Bath mais ce dernier, bien gêné par une défense bien en place, ne trouvait pas d'espace et se contentait souvent de courses en travers.
Les cinq dernières minutes, néanmoins, étaient brûlantes. Les Anglais obtenaient deux pénal'touches à cinq mètres, et sur la deuxième, le jeu se déployait au large et Abendanon, en bout de ligne, marquait. Mais le Stade a du coeur, et donnait tout sur sa dernière possession, avec une belle action de Kunavore, qui progressait sur dix mètres. Donguy était plaqué à un mètre, mais Bath se mettait à la faute. Skrela, collé à la ligne de touche, passait un coup de pied délicat et donnait la victoire aux siens, au terme d'un scénario inoubliable.